Rencontre avec Eric B., designer et... non-voyant "Souvent, les maisons ne sont pas adaptées aux personnes"

Comment définiriez-vous votre métier ?
Je suis plus un architecte d'intérieur qu'un décorateur. J'aime réagencer les pièces, créer des salles de bains, expérimenter. Souvent les maisons ne sont pas adaptées aux personnes. On étouffe. Il faut ouvrir l'espace, lui donner de l'ampleur. L'énergie doit circuler.
Mon job n'est pas de créer la perfection, mais d'adapter la maison de mes clients à leur personnalité, à leur mode de vie (s'ils ont des enfants, des animaux, s'ils reçoivent beaucoup...), à leur taille même ! J'ai redécoré la maison d'un basketteur en prenant soin de lui choisir un mobilier adapté.

eric b. en compagnie d'anaïs lors de l'émission spéciale de téva déco
Eric B. en compagnie d'Anaïs lors de l'émission spéciale de Téva Déco © S. de P. de Téva

Concernant votre travail, vous parlez de " décothérapie ", pouvez-vous nous en dire davantage ?
J'ai un raisonnement différent par rapport à l'architecture d'intérieur. Pour moi, cela va beaucoup plus loin que le simple visuel. On va au-delà du décor pour rentrer dans le bien-être. C'est en refaisant la maison dans laquelle je vivais au moment où je suis devenu aveugle, que j'ai réalisé combien une maison pouvait nous aider à se sentir bien. La vue est souvent un handicap, elle nous trompe. Les gens veulent ce qu'il y a dans les magazines, au final, ils s'attachent plus au visuel qu'à l'émotionnel. J'essaye donc de leur amener cette autre dimension.

Je pense que refaire sa décoration peut aider à reprendre confiance en soi, en affirmant ses goûts et ses choix. De mes clients, je veux tout comprendre : leur mode de vie, leurs goûts, les matériaux qu'ils ressentent plus que d'autres. A la fin de mon intervention, je ne veux pas que l'on reconnaisse mon travail, mais que l'on voit, à travers le décor, leur personnalité.

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