Focus sur la pyrogravure au laser

Qu'est-ce que la pyrogravure au laser ? Quel outil utiliser ? Quelles matières graver suivant cette technique ? Dorothée Vantorre, créatrice de la marque de bijoux Les Folles Marquises, nous explique tout sur la pyrogravure, du dessin d'origine à la découpe finale, en passant par le choix du matériau.

Focus sur la pyrogravure au laser
© Les Folles Marquises

Journal Des Femmes : En quoi consiste la technique de la pyrogravure ?
Dorothée (Les Folles Marquises) : J'utilise la technique de la pyrogravure au laser. Il y a quelques différences essentielles avec la pyrogravure traditionnelle :

Dorothée Vantorre © Les Folles Marquises
  • Il n'y a pas de contact direct de l'outil avec la matière, la matière est transformée par l'action d'un faisceau laser.
  • Le travail se fait à partir d'un fichier informatique, ce qui permet une très grande précision, et la reproduction à l'identique d'un dessin autant de fois qu'on le souhaite.
  • Le laser est tellement puissant qu'il ne fait pas que graver mais peut aussi couper la matière.

Question matériel, comment faut-il s'équiper ?
Pour pratiquer cette technique, il faut disposer d'un laser. C'est une machine très coûteuse (environ 10 000 euros pour de l'entrée de gamme) et encombrante. Elle nécessite par ailleurs une installation de ventilation ou de filtration des fumées. On peut aussi louer ce genre de machines : c'est plus simple et moins risqué quand on commence. Ou bien on peut sous-traiter. Il m'arrive par exemple de réaliser des commandes pour d'autres créateurs.

Sur quels supports peut-on faire de la pyrogravure ? Seulement le bois et le plastique ?
Pas du tout ! Outre le bois et l'acrylique (mais attention, tous les plastiques ne conviennent pas, certains peuvent même dégager des gaz très dangereux), on peut utiliser le laser sur de nombreuses matières : cuir, feutrine, carton, papier... Il y a même des lasers beaucoup plus puissants qui découpent le métal.

Depuis quand faites-vous de la pyrogravure ?
Cela fait environ deux ans que j'utilise cette technique. Au début, je sous-traitais la production à une entreprise locale, mais je n'avais pas assez de souplesse pour tester toutes les idées que j'avais en tête. Depuis un peu moins d'un an, je loue un laser que je manipule moi-même. Cela me permet de tester mes prototypes beaucoup plus vite, de choisir mes propres réglages, de produire le nombre exact de pièces dont j'ai besoin, de faire des commandes personnalisées, et aussi de mieux maîtriser les délais.

Pendentif Asanoha, 25 euros © Les Folles Marquises

Qu'est-ce qui vous plaît dans cette technique ?
Mon background dans l'architecture et mon intérêt pour le design m'ont conduite lentement mais sûrement vers cette technique. Je trouve tout le processus passionnant : le croquis, sa transposition en dessin vectoriel (j'adore dessiner sur l'ordinateur…), la façon de penser les pièces pour exprimer l'essentiel avec un minimum de moyens, le calage des pièces sur les planches... C'est surtout absolument fascinant de regarder le laser en action et de voir le dessin se révéler peu à peu, jusqu'à la phase finale de la découpe, moment magique où mon dessin virtuel est devenu un objet tangible ! Je ne m'en lasse pas ! Dans mon atelier je garde d'ailleurs chaque planche en bois découpée depuis le début, ce sont de beaux objets (je pourrai bientôt construire un mur avec…) !

J'aime beaucoup le rendu ultra précis du laser, qui permet à mon côté maniaque de s'exprimer pleinement ! Et le résultat sur le bois est très intéressant : même si je produis la plupart de mes pièces en série, il n'y en a jamais deux identiques, car la couleur, le veinage du bois varient d'une planche à l'autre.

D'où vient votre inspiration ? Notamment pour créer ces petits personnages naïfs et ces objets du quotidiens tout en rondeurs.

Elle vient de partout, j'ai l'impression parfois que ma tête va exploser ! A chaque fois que quelque chose m'interpelle dans la rue, dans un livre, une revue, un film, etc., je le note dans un petit carnet que j'ai toujours sur moi. A une époque, je me réveillais même la nuit pour noter mes idées ! Mon plus grand trésor, ce sont ces carnets de croquis accumulés depuis des années ; j'y retourne régulièrement pour retrouver un dessin qui pourrait me servir à ce moment précis. Le plus difficile est de canaliser mes idées, de ne pas partir dans tous les sens. J'ai déjà plusieurs collections d'avance dans ma tête et dans mes carnets, mais chaque chose en son temps. Mon objectif du moment est d'étoffer la collection existante ; j'ai une cinquantaine de nouveaux dessins en projet, cela va prendre du temps…

"On peut utiliser le laser sur de nombreuses matières : cuir, feutrine, carton, papier..."

La dernière collection a commencé avec des personnages mignons et très épurés, et a évolué dans plusieurs directions, avec différents thèmes explorés : la nourriture, les appareils vintage… Certaines pièces sont poétiques, d'autres très décalées, comme les puces d'oreilles Moules-frites, mais toujours avec un trait minimaliste et dans des teintes naturelles qui les rendent faciles à porter et assortir.

Quels sont vos projets créatifs futurs ?

J'ai envie de tester plein d'autres techniques, notamment la porcelaine, mais après m'être cassé les dents pas mal de fois, j'ai appris à être raisonnable et à pousser les choses jusqu'au bout. Je n'en suis qu'au début de mon exploration du laser et je pense en avoir encore pour quelques années, au moins ! La grosse nouveauté est le lancement des bijoux en acrylique miroir. Je travaillais déjà l'acrylique dans sa version transparente (avec un effet verre dépoli), mais là, je travaille depuis des mois à la sortie de la gamme en version miroir et c'est franchement canon ! Je n'ai même pas réussi à garder tous mes prototypes, victimes de leur succès ! Côté agenda, je serai présente à quelques salons ce printemps : Bande de Créateurs à Paris du 8 au 10 avril, le Renk'Art à Lasécu à Lille les 30 avril et 1er mai, peut-être le Marché des Modes à Roubaix en mai. Mon gros projet est de participer à un salon professionnel à la rentrée afin de toucher davantage de revendeurs.

Avec Les Folles Marquises, Dorothée Vantorre a été désignée vainqueur de l'édition 2015 du Tremplin des créateurs alittleMarket.com, dans la catégorie Bijoux.

Découpe de pampilles au laser sur une planche de bois © Les Folles Marquises
Pendentif mini Audrey, 24,50 euros © Les Folles Marquises
Boucles d'oreilles en Plexiglas motif dentelle, 25 euros © Les Folles Marquises
Bague cerf, 12,50 euros © Les Folles Marquises